P 15 : Texte de la réponse

 

Décembre 1656. NOUËT Jacques, Réponse à la quinzième Lettre des Jansénistes

NOUET Jacques, Réponse à la quinzième Lettre des Jansénistes, 8 p. in 4°. Voir GEF VI, p. 310 sq. L'auteur ajoute un post-scriptum après lecture de la XVIe Provinciale.

JOUSLIN Olivier, La campagne des Provinciales de Pascal, p. 551 sq. Tentative de réponse au mentiris impudentissime.

 

Réponse à la quinzième Lettre des Jansénistes.

Monsieur,

Je vois bien que vous vous piquez, et que le jeu ne vous plait pas. Après avoir examiné avec soin les principales parties de votre Lettre, il me semble qu’on en peut ramasser toute la force en ces deux mots, qui valent à votre gré une juste Apologie, et qui déchargent entièrement le Port-Royal, mentiris impudentissimè. C’est-à-dire, Monsieur, comme vous l’entendez fort bien, Vous mentez très impudemment. Il faut vous pardonner cet excès : vous êtes en colère, et votre esprit, qui n’est pas en une assiette tranquille, ayant perdu l’empire de ses passions, ne peut dans la confusion des pensées, et des mouvements violents qui l’agitent, faire un bon choix de ses paroles.

Ce grand homme dont les erreurs font la Théologie de votre secte, et dont le nom est un des plus magnifiques titres de votre gloire, disait naïvement (vous le savez, Monsieur, et vous l’avez même gravé après sa mort sur le frontispice de son Ouvrage) que l’humeur prédominante à son tempérament, tenait des qualités du salpêtre, dont la matière fort simple et déliée conçoit une petite flamme, qui s’allume en un instant, mais qui meurt aussi en un instant, et ne laisse point de mauvaise odeur, ni de fumée. Vous n’avez pas un si beau feu : vous mêlez le souffre avec le salpêtre : et vos écrits injurieux, qui dégénèrent de la civilité si naturelle aux Français, sentent trop la poudre d’Allemagne.

Je cherchais d’abord avec quelque étonnement par quelle raison, ou plutôt par quel caprice vous étiez allé chez les étrangers, afin d’apprendre à dire des injures en Allemand ; vu que sans aller si loin vous en pouviez apprendre d’aussi bonnes dans les halles, ou sur le bord de la Seine : mais je me suis souvenu que vous aviez là de bons amis, et que Luther qui avait inventé cette excellente méthode de justifier l’hérésie, s’en était servi avec avantage contre les plus hautes puissances, opposant aux écrits d’un Roi, et aux anathèmes d’un Pape, ce bouclier impénétrable, qui vous met à couvert de tous les traits de vos adversaires, Mentiris impudentissimè, Vous mentez impudemment. Car c’est ainsi que répondant au Roi de la grande Bretagne, qui avait pris la défense de la Foi contre cet insolent Apostat, il le traite de Majesté Thomiste, pour éluder les raisons invincibles de saint Thomas, que ce Prince avait apportées, et lui fait ce compliment respectueux : Ego sine larvâ sed apertè dico Regem Anglia Henricum istuml mentiri. Je ne crains point de lever le masque, je dis tout franc, que le Roi d’Angleterre en a menti : Et réfutant la Bulle de Léon X sur le sujet du libre arbitre, semblable à celle d’Innocent X contre les Jansénistes : Vous mentez, lui dit-il, cessez de calomnier ceux qui soutiennent la vérité, que vous tenez depuis trois cent ans injustement opprimée. Vous avez un front de courtisane, qui ne peut rougir : vous faites paraitre tant d’impudence, et si peu de sens dans vos paroles, que vous ne méritez point de réponse.

C’est sans doute sur cet original que vous êtes formé, et que vous avez appris à donner le démenti à qui ose contredire vos sentiments, il n’était pas possible de le copier plus parfaitement, et s’il faut faire comparaison de l’un avec l’autre, on peut dire que vous avez plus d’adresse, mais que vous n’avez pas moins de hardiesse que votre Maître. De vrai, si tous ceux qui vous donnent de bons avis, ou qui vous reprochent votre insolence, et qui condamnent cotre mauvaise doctrine sont des calomniateurs et des menteurs, si c’est contre eux que vous employez les traits de cette éloquence Luthérienne, qui vous sert comme de modèle ; les Jésuites n’ont que faire de baisser la tête, pour en éviter le coup, vous le portez bien plus haut, vous ne visez qu’aux mitres et aux tiares, et vous ne frappez que des têtes couronnées : car enfin de quoi vous plaignez-vous, et quel outrage vous a-t-on fait ? On vous appelle hérétique, et vous voulez nous faire croire que c’est une calomnie. Vous vous moquez : ce n’est pas une calomnie, c’est un oracle sorti de la bouche du Vicaire de Jésus-Christ, qui assure que vos maximes touchant la Grâce, sont hérétiques, scandaleuses et impies ; et si vous vous en tenez offensé, adressez-vous à lui, déclarez-vous, et pour justifier votre foi répondez lui à votre ordinaire, mentiris impudentissimè. Vous ne pouvez souffrir qu’on vous nomme Janséniste : c’est un si beau nom, avez-vous honte de porter le nom de votre Père : ce nom célèbre qui est connu par tout le monde : ce nom illustre que les Papes même vous ont donné ? ut Janseniani Apostolicis decretis tandem acquiescerent. Si vous le prenez à injure plaignez-vous de sa Sainteté, et ne soyez point honteux de lui dire, mentiris impudentissimè.

On vous dit que vous êtes un imposteur, et que votre hardiesse à corrompre et falsifier la Morale des Jésuites est insupportable. Je ne le dis pas seulement, je le prouve, et vous ne le pouvez nier : je ne le dis à l’oreille, je le publie sur les toits : Je ne le dis pas le premier, je le dis après Urbain VIII qui se plait si souvent que vous décrirez ses Constitutions, comme fausses et obreptice, et qui vous traite avec une juste indignation comme des esprits légers, téméraires, insolents, réfractaires, rebelles, qui entreprennent sur son autorité, par un pernicieux exemple au préjudice de leur salut éternel. Si ces éloges ne vous sont pas agréables, pourquoi vous en prenez-vous à moi, qui ne fais simplement que rapporter les paroles de ce grand Pape ? Prenez-vous en à votre Juge, et pour montrer que vous n’êtes pas insolent, dites-lui tout haut, mentiris impudentissimè.

Vous l’avez fait, Monsieur, et plus d’une fois : vous avez essayé sur les Bulles, qui ne vous étaient pas favorables, l’art de démentir ceux qui vous convainquent d’imposture et d’erreur, par des preuves si claires, que vous n’y pouvez répondre, et je ne m’étonne plus si vous en usez d’une telle hauteur contre les Jésuites, puisque vous avez commencé votre apprentissage sur les Papes.

Quand l’Église fulmina le premier anathème contre vos pernicieuses erreurs, et que le Pape Urbain VIII frappa d’un même coup le vrai Jansénius et le faux Augustin : le Port-Royal ému au bruit du tonnerre ne trouva point de meilleure défense dans cette conjoncture, qui demandait une résolution prompte et hardie, que de démentir par des écrits, et de dire à chacun d’eux, cela est faux, mentiris impudentissimè. Ce fut-là votre coup d’essai, qui pouvait déjà passer pour un chef-d’œuvre. Les Jésuites, disiez-vous à lors, ont forgé cette Bulle contre la doctrine de saint Augustin, expliquée dans le livre de Monsieur l’Évêque d’Ipre : ils ne pouvaient soutenir leur cause, que par un procédé si infâme, et si indigne, non seulement de Chrétiens, de Religieux, de Prêtres, mais même des gens d’honneur… tous les gens de bien espèrent, que sa Sainteté ne laissera pas ce crime impuni, et qu’elle fera voir, par la condamnation d’un si grand excès, quelle injure ont fait au S. Siège, ceux qui l’on voulut rendre complice de tant de faussetés, et si noires et si palpables.

L’événement montra depuis quel était cet esprit de divination, qui vous faisait parler en Prophètes, sans en avoir les lumières : on reconnut la voix du Pasteur, que vous faisiez passer pour un larron : cette Constitution que vous aviez déchirée par deux observations scandaleuses, fut confirmée par plus de six Brefs du Pape : et l’on reçut par son ordre dans toutes les Églises, ce que vous aviez décrié par toutes les rues de Paris. Mais il en eut aussi le démenti, et votre Apologie, qui avait éprouvé la force de ces deux termes de votre Politique, mentiris impudentissimè, n’oublia pas de s’en servir finement en jetant dessus pour les couvrir, cette poignée de fleurs : Il faut se crever les yeux pour douter encore que cette Bulle soit obreptice, et que ce ne soient les adversaires de Monsieur d’Ipre qui par des menées secrètes ont empêché qu’on ne suivît les intentions de sa Sainteté, et ont rendu cette Bulle aussi conforme à leur passion, qu’elle est contraire à la volonté du Pape. Pouvait-il donner un démenti de meilleure grâce ? Pouvait-il plus habilement venger Jansénius de la censure de Rome ? Pouvait-il dire plus délicatement que le Pape, en le condamnant, s’était crevé les yeux, et qu’il se laissait mener par les Jésuites comme un aveugle ?

Quelque temps après la foudre tomba sur vos deux chefs, qui n’en font qu’un : et le Pape Innocent X abatant ce monstre à deux têtes, qui était sorti de vos déserts, fit voir à tout le monde, que s’il y avait plusieurs membres dans l’Église, il n’y avait qu’un chef, et qu’il savait bien prendre l’épée de Saint Paul sans lui donner les chefs de S. Pierre. Mais après tout il ne put éviter la langue de ce serpent : le coup fatal qui lui ôta la vie, n’en peut étouffer la voix : et on l’entendit sifflet encore en expirant, et jetant les dernières gouttes de son venin contre son vainqueur. Mentiris impudentissimè. Ce cri funeste retentit au-delà des monts, et l’Italie fut effrayée de voir des hommes parler au milieu de l’Église ce langage inconnu qu’elle n’avait jamais ouï. Que sa Sainteté s’était laissé surprendre par de faux rapports, que les censeurs d’une doctrine si sainte, et si avantageuse aux Saints Siège ne l’avaient pas lue, ou s’ils s’étaient donné cette peine qu’ils ne l’avaient pas entendue, qu’ils étaient tout ensemble juges et parties. Que le Cardinal de Lugo était encore lié au Général des Jésuites par le vœu d’une obéissance aveugle. Que le Cardinal Spada honteux de ne pouvoir faire réussir cette censure qu’il avait entreprise, s’était intrigué avec les Jésuites pour sauver son honneur en exposant celui du Pape : et enfin que toute cette affaire avait été conduite plutôt par des considérations politiques, que par les règles de la disciple Ecclésiastique, et par les raisons solides de la Théologie.

Que ne fit pas ensuite tout le parti pour brouiller les Prélats avec le Pape, pour attirer les Universités, pour gagner les particuliers, pour engager les communautés, pour séduire le Peuple, pour débaucher les âmes et corrompre insensiblement la pureté de leur foi, et la fidélité qu’elle doivent au Pasteur universel du troupeau de Jésus-Christ ? Mais enfin la providence de Dieu, qui veille sur ses élus, et qui se rit de la malice des impies, rendit tous vos efforts inutiles, et l’on ne peut dire de quelle douleur vous fûtes saisis, lorsque vous apprîtes, que plus de quatre-vingt Évêques de ce Royaume avaient demandé la condamnation des cinq Propositions, qui font les maximes fondamentales du Jansénisme : qu’après une longue délibération, le Pape la leur avait accordée, que le Ciel l’avait heureusement bénie comme un fruit de tant de vœux, de prières et de larmes que l’Églises avait répandues, pour éteindre par ce déluge amoureux l’embrasement que vous aviez excité au milieu de ses entrailles : et enfin que ces trois fameuses colonnes élevées avec tant d’appareil et de dépenses pour soutenir la réputation de votre doctrine, qui tendait visiblement à sa ruine, n’étaient pas capables de porter cette machine tremblante, ni d’empêcher la décadence de votre secte : ce fut alors, que prenant des forces de votre désespoir vous vous retranchâtes dans votre fort, Mentiris impudentissimè, et delà comme d’en rempart assuré vous moquant des foudres et des censures, vous fîtes savoir à vos amis. Que des personnes ayant lu un livre avec soin, et ni ayant point trouvé les propositions, qui sont attribuées à un Catholique après sa mort dans l’exposé de la Constitution d’un Pape, ne pouvaient déclarer contre leur conscience qu’elles s’y trouvent. Qui n’eut cru qu’après avoir ainsi démenti les Papes et les Évêques qui assurent expressément tout le contraire, il ne se pouvait rien ajouter à votre insolence ? Et toutefois vous n’en demeurâtes pas là, vous vous aperçûtes qu’il y manquait encore quelque chose, et que pour couronner une si manifeste rébellion contre le Saint Siège, il lui fallait donner le nom d’obéissance en protestant avec des paroles pompeuses, que les disciples de Monsieur d’Ipre avaient fait voir à toute la France qu’ils savent s’humilier sous le Vicaire de Dieu, non seulement lorsqu’il les honore de sa faveur : mais lors même qu’il semblerait les abandonner aux impostures de leurs ennemis ; que ceux qui les soupçonnent d’erreur seraient bien empêchés de dire qu’elle est cette prétendue hérésie que chacun s’imagine telle qu’il lui plait, puisque s’ils la réduisent à cinq propositions que le Pape a condamnées, cette hérésie qu’il leur imputait ne peut être qu’une Chimère, ni ayant aucun Théologien qui soutienne ces cinq Propositions condamnées.

Et quoi, Monsieur, est-ce là cette humilité Jansénienne, qui se vante avec ostentation d’être soumise au Vicaire de Dieu, à même temps qu’elle rejette l’exposé de sa Bulle, et qu’elle accuse la vérité même de fausseté et de mensonge ? Est-ce cette sincérité avec laquelle vous justifiez votre doctrine en blâmant de témérité ceux qui la combattaient, avant qu’elle fût condamnée, et accusant de calomnie ceux qui vous l’attribuent après que la voie publique de l’Église l’a flétrie d’une éternelle ignominie ? Avant la Bulle du Pape l’hérésie de Jansénius paraissait avec éclat dans vos ouvrages : elle marchait à grand train : et elle ne se montrait jamais, qu’elle n’eut à ses côtés tous les Pères des premiers Siècles : c’était la doctrine de l’Église, la doctrine des Apôtres, la doctrine des Papes et des Conciles : Après la Bulle cette hérésie n’est plus qu’une Chimère que chacun s’imagine telle qu’il lui plait, et que personne ne connait en elle-même. Avant la Bulle du Pape c’était un crime de vous disputer les cinq Propositions, et ceux qui les tenaient suspectes étaient des Semipélagiens des ennemis de la grâce de Jésus-Christ, qui s’efforçaient de détruire les plus anciennes vérités, et d’obscurcir les plus claires lumières de l’Évangile : Après la Bulle, c’est un outrage de vous les imputer, et ceux qui vous les reprochent sont des calomniateurs insignes, et de très impudents menteurs. Après la Bulle ces maximes étaient autant de règles immuables de la Foi, dont la Tradition était la source, Saint Augustin l’Oracle, et Monsieur d’Ipre le fidèle interprète qui les avait renouvelées en notre Siècle : Après la Bulle ces mêmes maximes par un étrange changement ne sont plus que des imposture, que l’envie a inventées, que la calomnie public, et que l’ignorance seule peut croire au préjudice de l’innocence, puisqu’il n’y a point de Théologiens, qui tiennent ces Propositions condamnées.

Ainsi, Monsieur, vous avez une foi ambiguë que vous expliquez selon le temps, une foi à divers visages, qui jette l’illusion dans les esprits : aujourd’hui c’est une chimère parce que vous ne l’osez produire, tant elle est odieuse à tout le monde ? Quand vous en aurez essuyé la honte, et qu’on ne se souviendra plus de la Censure, ce sera l’esprit des premiers Siècles : l’aveu, le désaveu ; l’oui, le non, vous sont indifférents : vous mettez tout en œuvre pour avancer cette réforme prétendue, que vous promettez, et cet empire imaginaire que vous affectez dans l’Église. Il n’y a que la haine que vous portez aux Jésuites qui ne change jamais ; parce que la mauvaise disposition que vous avez pour la Religion, dure toujours. Vous regardez leur zèle comme un obstacle qui retarde le progrès de vos desseins, et parce que vous ne pouvez ébranler leur vertu, vous tâchez au moins de ruiner la réputation qu’elle gagne, et l’approbation qu’elle mérite. De là vient que vous les faites auteurs de toutes vos disgrâces, et que n’osant pas vous plaindre de la main qui vous frappe, à chaque coup que vous sentez, vous mordez celle qui vous veut guérir.

Si le Pape condamne presque tous les ouvrages du Port-Royal : les Jésuites sont des faussaires qui fabriquent des Bulles contre la doctrine des Pères. S’il commande qu’on lève le marbre du tombeau de Jansène, et qu’on efface les marques de ce superbe monument, qui servait de trophée à l’hérésie : les Jésuites sont des esprits profanes, qui souffrent l’idolâtrie dans la Chine, qui trafiquent dans le Canada, qui favorise le libertinage dans l’Europe, qui portent le relâchement et le désordre par toute la terre. Si le Clergé de France reprouve l’éloge subreptice de l’Abbé de Saint Cyran : les Jésuites persécutent par tout les gens d’honneur, et bien loin d’épargner les vivants, ils ne pardonnent pas même à la mémoire des morts. Si la Sorbonne se fait justice à elle-même, et si elle retranche avec courage ses propres membres où l’inflammation et la pourriture se forme par la contagion de vos erreurs : les Jésuites sont les corrupteurs de la discipline, qu’il est nécessaire d’exterminer pour le bien des âmes, et pour la gloire de Dieu.

Quelque avantage qu’ils aient dans la doctrine de la Foi, il les faut encore attaquer dans la doctrine de mœurs. Il faut donner la torture à tous leurs Écrivains, et ne laisser rien d’entier dans leurs livres : il faut les falsifier par des suppositions infâmes : les altérer par des suppressions infidèles : leur donner un faux visage par des interprétations malignes : il faut raccourcir les uns et allonger les autres : retrancher à ceux-là ce qui les justifie, et attacher à ceux-ci ce qui les fait paraitre coupables. Les Théologiens découvriront bientôt ces illusions : mais le peuple qui n’a pas la vue si nette, prendra ces fantômes pour des corps solides, et ainsi vous aurez toujours cotre compte : les sages s’étonneront que vous vous donniez ce misérable emploi, et qu’après avoir parlé si longtemps, comme des Oracles, le langage des Anciens Pères, vous soyez aujourd’hui réduits à ronger les livres des nouveaux Casuistes comme des tignes : mais les Sages ne font pas le plus grand nombre : pour un homme d’honneur qui s’affligera de ce désordre, vous ferez rire cent libertins, à qui les médisances plaisent de telle sorte, que les fausses même leur sont souvent plus agréables que les vraies. Enfin les Jésuites ne manqueront pas de se défendre, et de vous faire rougir de vos fourberies : mais vous êtes prêts à les bien recevoir : s’ils vous pressent par la force de la raison, vous les lasserez par vos importunités, et vous leur direz tant de fois mentiris impudentissimè, qu’ils seront contraints de se taire, voyants bien que vous n’avez rien à perdre, et qu’ils n’ont rien à gagner avec vous que des injures.

Vraiment, Monsieur, vous prenez une manière de vous défendre, et d’attaquer les autres qui est assez commode ; puisque toute votre adresse est de savoir mentir avec effronterie, ce qui n’est pas fort malaisé, et démentir les autres avec impunité, ce qui est encore moins difficile : noircir les innocents de calomnies atroces pour les rendre criminels, et les appeler calomniateurs, pour vous justifier de tous vos crimes. Voyons comme vous en usez, et de quelle sorte vous réduisez en pratique cette méthode du Port-Royal.

Vous faites dire au Père Albi que Monsieur Puys est hérétique, excommunié, digne du feu : vous citez son premier et son second livre, et vous assurez qu’il confirme en celui-ci, ce qu’il avait dit en celui-là. C’est une fausseté toute visible. Car il se trouve que dès la troisième page du second livre, il déclare au contraire, que c’est à tort qu’on l’accuse d’avoir appelé ce Pasteur hérétique, qu’il n’y a personne de jugement, qui examinant les termes de sa première Apologie, (car il n’attaque pas, il ne fait que se défendre,) ne juge que cette glose est trop violente, et cette plainte fort délicate. Vous êtes donc manifestement un imposteur, et un imposteur insigne. Mais que me sert de vous en avoir convaincu, et de vous presser de me répondre ? Comme votre accusation n’est qu’un mensonge, votre Apologie ne sera qu’un démenti. Vous n’avez point fait conscience de mentir en imposant à ce Père : vous n’aurez point de honte de me démentir en vous justifiant, et de dire mentiris impudentissimè.

Vous accusez le P. Bauny d’avoir enseigné qu’il est permis de rechercher directement, primo et per se, une occasion prochaine de pécher pour le bien spirituel ou temporel de nous ou de notre prochain : c’est une fausseté palpable. Ces paroles primo et per se, ne sont point de ce Théologien : je vous en ai averti en ma réponse à votre 9 Imposture : Je vous ai dit que cette décision peut souffrir deux sens bien contraires, le premier que l’on peut s’exposer à une occasion de pécher pour des raisons importantes à la conversion des âmes, et au bien de l’état, comme S. Ambroise, et plusieurs autres Saints l’ont pratiqué ; pourvu qu’on espère avec le secours du Ciel de surmonter le péril, et qu’on y soit bien résolu, et c’est le sentiment du P. Bauny et du célèbre Basile Ponce, qui n’est point rejetée dans l’École. Le second qu’on peut s’exposer témérairement à ces occasions et même les rechercher formellement pour des légères considérations : et c’est cette doctrine que l’Abbé de Boisic, qui passe chez vous pour le P. Pinthereau, appelle détestable : Quant au premier je vous ai accusé d’ignorance, parce que vous faites un crime, d’une opinion commune dans la Théologie, et pour le regard du second, je vous ai convaincu de malice, parce qu’il n’y en a aucun vestige dans le livre du P. Bauny, et qu’il ne lui peut être imputé que par l’organe du Démon, comme dit le P. Caussin. Et néanmoins, comme si vous ne vous en souveniez point, vous me prenez pour votre caution contre vos créanciers, et pour approbateur contre vos accusateurs : a-t-on jamais vu une fourberie semblable ? Mais tout vous est permis : vous avez une dispense générale du Port-Royal qui vous exempte de dire la vérité : et qui vous donne droit de démentir tous ceux qui vous reproche votre mauvaise foi. En voici encore un autre exemple : car vous êtes second en impostures, vous en avez une source inépuisable.

Vous imputez au P. Bauny cette proposition, qu’on ne doit, ni dénier ni refuser l’absolution, à ceux qui sont dans les habitudes de crimes contre la Loi de Dieu, de la Nature, et de l’Église, encore qu’on n’y voie aucune espérance d’amendement : et vous assurez que le P. Pinthereau, et le P. Brisacier en répondant à votre imposture sont tombés en contradiction. C’est une fausseté plus évidente que le jour : la réponse de l’un ne détruit point celle de l’autre, elles sont toutes deux également bonnes au goût de ceux qui ne sont point malades d’envie comme vous : L’un répond, qu’on ne peut donner l’absolution à ces sortes de pécheurs, quand ils ne témoignent aucun désir d’amendement, et nie que jamais le P. Bauny ait enseigné le contraire, tout cela est véritable : L’autre répond, que dans la crainte des rechutes, que la fragilité des hommes peut faire naître dans l’esprit du Confesseur, il s’en doit fier à la promesse du Pénitent, et se contenter de la volonté de mieux vivre, sincère, résolue, qu’il témoigne par ses paroles et par ses regrets, sans attendre des révélations extraordinaires, qui l’assurent de la bonne disposition de ce pécheur, et de l’effet infaillible qui doit suivre ses protestations et ses résolutions présentes, que les plus grands saints ne se peuvent promettre : et il avoue que c’est le sentiment du P. Bauny : cela est encore véritable : où est donc cette contradiction imaginaire que vous leur reprochez ? Où est ce mauvais pas si difficile à franchir ? Le premier rejette la mauvaise doctrine que vous attribuez à un Théologien célèbre : Le second défend sa Décision véritable : Le premier découvre votre malice : Le second justifie l’innocence de son frère : les armes dont ils se servent sont différentes : mais elles sont également bonnes et fortes : ils vous attaquent de deux côtés, mais le coup que chacun leur manière de vous combattre : mais ils remportent tous deux la victoire, et vous mettent en tel désordre, que vous êtes contraint de fuir en Allemagne pour apprendre à leur dire des injures, et répondre à chacun d’eux mentiris impudentissimè.

Vous me direz que vous avez appris cette leçon dans une bonne école, que vous ne la pratiquez qu’après un bon Religieux Allemand, et que les Jésuites étant à ce coup fort malheureux en Capucins, personne ne doit trouver mauvais que vous profitiez de leur disgrâce.

J’avoue que vous avez grand intérêt à gagner les RR. PP. Capucins, et que si vous les pouviez diviser en la cause de Jansénius, d’avec les Jésuites, vous n’auriez pas mal réussi. Car outre que la sainteté de leur vie leur a acquis l’amour et la vénération des peuples, ce sont de puissants défenseurs de la Foi et de la Bulle du Pape, et par conséquent de grands ennemis du Jansénisme, que vous avez sur les bras. Mais c’est en vain que vous espérez cette rupture, et le Décret qu’ils ont renouvelé cette année contre votre Doctrine, suffit pour vous faire connaitre que les Jésuites sont mieux en Capucins que vous ne pensez, et que s’ils n’ont pas été si heureux, au regard d’un particulier, vous êtes indubitablement très malheureux au regard de tout le corps. Je veux, Monsieur, vous faire part de ce Décret, et de peur que vous ne vous figuriez que vous n’êtes malheureux qu’en Capucins et en Jésuites, j’en ajouterai plusieurs autres, par où vous reconnaitrez combien votre parti est odieux à tous les Ordres Religieux, et à toutes les Compagnies, où la vertu et les sciences sont en quelque sorte d’estime.

Apprenez donc, si vous ne le savez pas encore, quels sont les sentiments de tous les gens de bien touchant votre doctrine, et jugez par la haine universelle qu’ils témoignent, si vous n’êtes pas les plus malheureux de la terre. Les Révérends Pères Capucins désirants témoigner en toutes rencontres le respect, et l’obéissance qu’ils doivent au saint Siège, ont défendu cette année dans leur Chapitre Général tenu à Rome le 25 de Juillet que personne de leur Ordre ne présume d’interpréter, ni défendre la doctrine de Jansénius, laquelle a été condamnée et retranchée par le Pape Innocent X non plus que la doctrine d’Arnaud, et des Arnaudistes. Qui fera le contraire outre les peines portées par ladite Constitution Apostolique, s’il est Supérieur, qu’il soit privé de son Office ; s’il est Lecteur, de la Faculté d’enseigner ; s’il est Prédicateur, du pouvoir de prêcher, et même ils seront soumis à d’autres peines selon le jugement des Supérieurs. Vous voilà déjà bien malheureux en Capucin. Les Révérends Pères Feuillants assemblés en leur Chapitre Général, en l’année 1649 firent la même défense, et ordonnèrent que les Constitutions du Pape Urbain VIII contre Jansénius seraient envoyées, publiées, et exactement observées dans tous les Monastères de leur Ordre. Vous voilà donc encore bien malheureux en Feuillants. Les Révérends Pères Carmes déchausses établissent la même chose dans leur Chapitre Provincial en l’année 1646 et depuis en l’année 1649 avec une étroite défense d’enseigner, ni de défendre la doctrine de Jansénius, qui excitait de grands troubles dans l’Église : par exemple Que Jésus-Christ n’est pas mort pour tout le monde, Que toutes les actions des infidèles sont des péchés, Que Dieu ne veut pas sauver tous les hommes. Vous voilà certainement bien malheureux en Carmes. Les Révérends Pères Minimes firent les mêmes ordonnances dans leur Chapitre Provincial en l’année 1650 afin de retrancher efficacement, disaient-ils, cette nouveauté dangereuse de doctrine qui se glisse dans les esprits aux scandales de l’Église. Vous voilà bien malheureux en Minimes. Les Révérends Pères de la Congrégation de S. Maur, firent un semblable décret dans leur assemblée générale, enjoignant sous des grandes peines aux Professeurs de Théologie d’enseigner la grâce suffisante, et de ne s’écarter point du chemin Royal des Docteurs Catholiques pour suivre des maximes étrangères et nouvelles. Vous voilà bien malheureux en Bénédictins.

Je ne veux pas m’étendre dans un plus long dénombrement de vos infortunes, de peur qu’il ne semble que je veuille insulter à des malheureux. Votre malheur me touche trop sensiblement pour en faire des triomphes. Mon dessein est de vous détromper si je puis, et de vous obliger à reconnaitre combien il est dangereux de s’éloigner des sentiments de l’Église, et de quitter Dieu ; puisque la moindre des peines qui suivent les déserteurs de la Foi, est de se voir abandonnés de tout le monde. C’est ce qui vous est arrivé, Monsieur, et vous en voyez les tristes suites par une malheureuse expérience. Les Papes vous excommunient : les Évêques vous déclarent hérétiques : les Ordres Religieux ont de l’horreur pour votre doctrine : les Universités vous condamnent par leurs censures, et la Sorbonne ne vous peut même souffrir sans son sein : elle vous retranche tous vivants de son corps, et elle vous prive même des honneurs funèbres après la mort. Vous en avez un exemple tout nouveau devant les yeux, qui vous devrait effrayer. Cette sage et courageuse mère, a supprimé la tendresse qu’elle avait pour un de ses Docteurs, qui mourut il y a quelque jours dans Paris, afin de témoigner combien elle a d’aversion de vos erreurs : elle l’a abandonné parce qu’il n’a pas voulu renoncer au commerce qu’il avait avec vous : elle l’a désavoué, parce qu’il ne s’est pas voulu reconnaitre lui-même : elle est demeurée inflexible dans sa sévérité, parce qu’il s’est opiniâtré dans sa désobéissance : et comme il est mort dans l’oubli de son devoir, elle n’a point voulu lui rendre d’autres devoirs, que celui d’un éternel oubli de sa mémoire.

Après cela, Monsieur, vous direz encore que les Jésuites sont des calomniateurs, parce qu’ils soutiennent que les Jansénistes sont hérétiques, et vous irez chercher des preuves en Allemagne pour les démentir sur ce qui se fait en France, et ce que nous voyons de nos yeux. Que votre raisonnement est faible, et que vos passions sont violentes ! Le P. Dicastillo Jésuite, dites-vous, soutient contre le R. P. Quiroga Capucin, que ce n’est point un péché d’injustice, mais seulement de mensonge, de repousser une calomnie, par une autre calomnie, qui soit égale, et d’imposer de faux crimes pour ruiner de créance celui qui nous en impose d’autres, qui sont également faux. Dicastillo preuve son opinion par l’autorité de Bannes qui est un des plus célèbres disciples de Saint Thomas, de Vega d’Orellana, et de plusieurs autres Auteurs, et même des Universités de Prague et de Vienne : le R. P. Quiroga allègue pour garants de la sienne, trois Auteurs dont il y en a deux Jésuites, Lessius et Filiucius : ces Théologiens s’échauffent insensiblement, comme il arrive d’ordinaire dans la chaleur de la dispute, il leur échappe quelques paroles, qui pouvaient être un peu mieux concertées. Voilà tout ce que vous nous apportez de ce pays éloignés, pour l’étaler magnifiquement, et en remplir toutes les pages de votre lettre. Que concluez-vous de là ? Donc les cinq Propositions que le Pape a condamnées ne se trouvent pas dans Jansénius comme il le déclare par un bref exprès ? Que cela est faible ! Dont ces mêmes propositions ne sont pas scandaleuses hérétiques et téméraires comme il l’assure dans sa Bulle ? Que cela est frivole ! Donc la seconde Lettre du Sieur Arnaud qui proteste qu’elles ne sont point dans le livre de Monsieur d’Ipre n’a pas été censurée ? Que cela est ridicule ! Donc ce n’est pas une hérésie condamnée par le Pape de dire avec le Sieur Arnaud dans sa Préface, que Saint Pierre et S. Paul sont les deux chefs de l’Église qui n’en font qu’un ? Que cela est peu raisonnable ! Donc l’Abbé de S. Cyran ne dit pas en une de ses lettres qu’il fait profession de ne rien savoir que ce que l’Église de douze cents ans lui a appris : qu’il a connu tous les Siècles, et qu’il a parlé à tous les grands successeurs des Apôtres. Donc Jansénius ne promet pas à cet Abbé d’entretenir son neveu Barces des biens d’un Collège qu’il a entre ses mains, sans qu’aux comptes qu’il en doit rendre, personne du monde en sache rien. Donc il n’écrit pas à ce même Abbé que Dieu a fait mourir deux Ecclésiastiques en peu de jours pour lui faire tomber un Canonicat entre les mains, et qu’on lui en offre déjà six cents florins avec un bénéfice ? Donc la Mère Agnès de Saint Paul Abbesse du Port-Royal ne dit pas en écrivant à l’Abbé de Saint Cyran, qu’il y a de ses filles, qui ne se sont point confessées depuis quinze mois, et que c’est de quoi étonner un Confesseur qui ne demande que des paroles et non des dispositions ?

Par quelles lois de la Dialectique pouvez-vous raisonnés de la sorte sans vous exposez à la risée des moins savants ? Il n’est pas besoin que les Jésuites vous imposent des fausses hérésies, vous n’en avez que trop publié de véritables : ils ne falsifient point vos livres pour y trouver des erreurs dans la doctrine, et dans la morale, ils vous ont marqué le lieu, la page, vos propres paroles : ils n’altèrent point les Lettres de Jansénius et de l’Abbé de S. Cyran : ils en ont les originaux dans leurs Archives du Collège de Clermont : ils ne les cachent point, ils les font voir à tout le monde : vous y avez envoyé, et on vous en a fait un rapport plus fidèle que vous n’eussiez désiré ; qu’avez-vous donc à y répondre ? Qu’avez-vous répondu jusques ici ? Certes, Monsieur, jamais vous n’avez mieux rencontré, que lorsque vous avez protesté que vous n’y répondiez qu’en passant. Car il est vrai que vous passez habilement tous les reproches qu’ils vous font, et vous n’en faites pas semblant. Il n’en est pas ainsi des calomnies que vous leur imputez : Ils répondent clairement : ils démêlent vos embarras : ils découvrent vos impostures : ils dissipent vos illusions : ils vous convainquent clairement d’ignorance, et de fausseté. Tout le monde en est assez persuadé.

On sait pourquoi vous traitez avec tant d’indignité le Confesseur du Roi, pourquoi vous déchirez Vasquez, Suarez, Molina, Lessius et tant de célèbres Théologiens dont l’éclat et la lumière vous éblouit : pourquoi vous attaquez avec tant de violence tantôt tout le Corps, et tantôt les particuliers, comme le P. Danjou et le P. Crasset, sans leur imputer d’autre crime que d’avoir prêché contre le Jansénisme, qui est aujourd’hui si infâme, et que quelques personnes ayant cru qu’on les en avait voulu taxer, en ont fait de grandes plaintes, et lorsqu’on leur a levé ce soupçon, elles sont demeurées satisfaites : Voilà ce qui vous fâche : voilà la véritable cause de cette étrange animosité que vous témoignez : ce n’est pas le zèle de la discipline, qui vous fait répandre tant de calomnies dans Paris : c’est la douleur de vous voir condamnés à Rome, au lieu même où vous devriez porter vos plaintes, si elles étaient raisonnables, qui vous tient depuis six mois en de perpétuels égarements.

Revenez-donc, Monsieur, au point de notre différend : reprenons le sujet de notre dispute : Je ne vous oblige pas à justifier la doctrine de Jansénius : ce serait vous demander l’impossible : mais il vous est facile et même avantageux de la condamner sincèrement en rétractant les hérésies que vous avez avancées dans vos quatre premières Lettres, et que Monsieur de Marandé a combattues avec cette éloquence et cette force d’esprit, que ce généreux Défenseur de la Grâce contre le Sieur Arnaud, qui sont sans répartie. C’est le sujet de mes vœux, c’est l’attente publique, c’est l’intérêt de l’Église, c’est la réponse, que j’ai résolu de faire désormais à toutes vos injures, et vous laissant cette belle Apologie du Port-Royal, Mentiris impudentissimè ; je ne veux plus me défendre autrement qu’en vous remontrant l’erreur où vous êtes, et vous disant à chaque maxime que je réfuterai : Ne soyez plus Janséniste.

Monsieur,

Votre seizième Lettre, qui parait à même temps que cette réponse, est une preuve visible de vos impostures. Vous n’y avez pris la défense du larcin de Jansénius, que pour y signer votre condamnation pour un juste jugement de Dieu : Après avoir falsifié les livres des Jésuites pour les rendre criminels, il ne restait plus qu’à falsifier les Lettres de Jansénius pour le rendre innocent. Restituez-lui ce que vous avez supprimé, et que je mets ici à la marge : et vous y trouverez de quoi faire le procès tout ensemble à un voleur domestique, et à un imposteur publique. Il parait que vous en avez peur.