P 07 : Histoire
Histoire de la Provinciale VII
OC I, p. 479. Le Journal de Saint-Gilles du 18 août 1656. Saint-Gilles fait imprimer les lettres VII à X.
OC III, p. 451. Selon le catalogue Fouillou, cette lettre, comme la précédente, aurait été revue par Nicole, à l’hôtel des Ursins, ce que Beaubrun confirme sans préciser le lieu. Selon Rapin, elle fut, comme la précédente, lancée dans le monde à l’hôtel de Nevers. Saint-Gilles prend désormais en charge l’impression des Provinciales.
CLEMENCET, Histoire de Port-Royal, III, Liv. IX, p. 447-449. « La septième lettre traite de la méthode de diriger son intention, pour ne point pécher en faisant des actions les plus contraires à la loi de Dieu. Ainsi, dans l’intention de conserver son honneur, son bien, on peut, sans pécher, accepter un duel, et même assassiner celui qui veut nous faire du tort ou un affront. C’est ce qui est permis par tous les casuistes, selon le témoignage de Lessius, ex sententia omnium, qui enseignent unanimement, qu’on peut tuer celui qui veut donner un soufflet ou un coup de bâton, lorsqu’on ne peut autrement l’éviter ; qu’il est permis aux prêtres, même aux religieux de prévenir ceux qui les veulent noircir par des médisances, en les tuant pour les en empêcher. Non seulement Caramuel (Note : Caramuel, Theol., p. 543), après le père Lamy, enseigne qu’ils le peuvent faire, mais même qu’ils le doivent faire dans certaines occasions, Etiam tiam debet occidere. Sur ce principe, il examine plusieurs questions, par exemple celle-ci : savoir si les jésuites peuvent tuer les jansénistes. Sur quoi M. Pascal s’écria : Voilà mon père un point de théologie bien surprenant ! Et je tiens les jansénistes pour morts. « Vous voilà bien attrapé, dit le jésuite à M. Pascal, Caramuel conclut le contraire des mêmes principes... Voici ses paroles, n. 1146 & 1147, p. 547 et 548 : Les jansénistes appellent les jésuites pélagiens, pourra-t-on les tuer pour cela ? Non, d’autant que les jansénistes n’obscurcissent non plus l’éclat de la société, qu’un hibou celui du soleil ; au contraire ils l’ont relevée quoique contre leur intention : occidi non possunt, quia nocere non potuerunt. »
Pendant l’impression de cette septième lettre, ou de la suivante, un événement singulier, qui mérite sa place ici, manqua de faire découvrir tout le mystère. M. Périer arrivant à Paris dans le même temps que M. Pascal était dans l’auberge du roi David, où il faisait ses lettres, alla se loger dans cette même auberge, comme un homme de province, sans faire connaître qu’il était beau-frère de M. Pascal, qui y était sous le nom de M. de Mons. Le père de Fretat jésuite, parent de M. Périer, vint lui rendre visite, et lui qu’ayant l’honneur de lui appartenir, il était bien aise de l’avertir, qu’on était persuadé dans la société, que c’était M. Pascal son beau-frère, lequel vivait dans la retraite, qui était auteur des petites lettres qui couraient Paris contre les jésuites, et qu’il devait lui dire et lui conseiller de ne pas les continuer, parce qu’il pourrait lui en arriver du chagrin. M. Périer le remercia, et lui dit que cela était inutile, et que M. Pascal lui répondrait qu’il ne pouvait pas les empêcher de le soupçonner, parce que quand il leur dirait que ce n’était point lui, ils ne le croiraient pas ; et qu’ainsi s’ils s’imaginaient que cela était, il n’y avait point de remède. Le père de Fretat se retira là-dessus, disant toujours qu’il était bin de l’avertir, et qu’il prît garde à lui. M. Périer fut fort soulagé quand il s’en alla, car il y avait sur son lit une vingtaine d’exemplaires de la septième ou de la huitième lettre, qu’il y avait mis pour sécher. Il est vrai que les rideaux étaient un peu tirés, et qu’heureusement le frère que le père Fretat avait amené avec lui et Qui s’était assis auprès du lit, ne s’aperçut de rien. M. Périer alla aussitôt en divertir M. Pascal, qui était dans la chambre au-dessous de lui, et que les jésuites ne croyaient pas si proche d’eux, quoiqu’ils sentissent bien ses coups ».
HERMANT, Mémoires, III, p. 65. Louis XIV se fait lire la lettre par son futur aumônier, le cardinal Le Camus.
RAPIN René, Mémoires, II, p. 375 sq. Même Mazarin se fait lire cette lettre : p. 375. Publicité et publication le 25 avril. Rapin souligne le rôle de l’Hôtel de Nevers dans la propagande.
JOUSLIN Olivier, Pascal et le dialogue polémique, p. 415 sq.
DORIVAL Bernard, Pascal et les Provinciales, mai-octobre 1956, Musée national des Granges de Port-Royal, Editions des Musées Nationaux, 1956.