Le chancelier Séguier (1588-1672)

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BLUCHE François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, article Chanceliers et gardes des sceaux, p. 297-298. Pierre Séguier : p. 697.

Dictionnaire des lettres françaises, XVIIe siècle, art. Séguier.

KERVILER R., Le chancelier P. Séguier, Paris, 1875.

Né le 28 mars 1588 à Paris, mort à Saint-Germain-en-Laye le 28 janvier 1672. Il est le fils aîné de Jean Séguier, sieur d’Autrey.

RETZ, Œuvres, éd. Hipp et Pernot, Pléiade, p. 1290. Séguier est d'une famille de robe. En 1620, il est maître des requêtes. En 1624, il est président à mortier. Il remplit des charges au parlement de Paris, avant de devenir intendant en Guyenne et garde des sceaux en 1633, à la place de Châteauneuf. Richelieu le nomme garde des sceaux en 1633. Louis XIII en fait le chancelier de France, et il est l'instrument fidèle de Richelieu. En décembre 1635, il est chancelier de France. Il apaise rudement les troubles de Normandie en 1640. Il tente en 1642 de sauver De Thou. La reine, devenue régente en 1643, lui conserve les sceaux. A l'époque de la Fronde des princes, Mazarin est obligé de le sacrifier; Séguier rend les sceaux à Châteauneuf en 1650, mais il les reprend en 1651; il les donne ensuite à Mathieu Molé, pour les retrouver en 1656. Louis XIV, devenu majeur, lui confie les sceaux en 1656.

Il exprime le désir d’appartenir à l’Académie, qui n’a que 36 membres. Elle l’admet en janvier 1635. Début 1643, après la mort de Richelieu, l’Académie lui demande d’être son protecteur. Séguier met à sa disposition son hôtel, rue du Bouloi. Sous Louis XIV, il préside la commission extraordinaire qui juge et condamne Fouquet.

De 1664 à 1672, Séguier préside les commissions, mais c’est Colbert qui domine tous les conseils.

RETZ, Œuvres, éd. Hipp et Pernot, Pléiade, p. 1290. Séguier est d'une famille de robe. Il remplit des charges au parlement de Paris, avant de devenir intendant en Guyenne et garde des sceaux en 1633, à la place de Châteauneuf. Louis XIII en fait le chancelier de France, et il est l'instrument fidèle de Richelieu. A l'époque de la Fronde des princes, Mazarin est obligé de le sacrifier; Séguier rend les sceaux à Châteauneuf en 1650, mais il les reprend en 1651; il les donne ensuite à Mathieu Molé, pour les retrouver en 16556. Sous Louis XIV, il préside la commission extraordinaire qui juge et condamne Fouquet.

Selon Mascaron, son éloquence est facile, grave et claire.

MESNARD Jean, "Le mécénat scientifique avant l'Académie des sciences", La culture au XVIIe siècle, p. 182-193.

Pascal lui a dédié un exemplaire de sa machine arithmétique. Selon le manuscrit Lamy, OC I, p. 731, on aurait appelé la machine roue Séguière ; Pascal aurait voulu conserver ce nom, mais celui de roue pascaline se serait imposé malgré lui.

Voir TALLEMANT DES RÉAUX, Historiettes, éd. A. Adam, I, Pléiade, p. 611 sq.: "Le chancelier est l'homme du monde le plus avide de louanges (...). On l'accuse d'être grand voleur. Pour être lâche et avare, il ne faut que lire ce que je m'en vais mettre"; "personne n'a tant donné à l'extérieur que lui (...). Il ne ferait pas un pas sans exempt et sans archers. Il est le premier qui s'est avisé de se faire traiter de Grandeur; avant lui pas un ne s'était fait traiter de Monseigneur dans les harangues, quand on lui parle comme député. Mais en récompense, jamais au fond chancelier ne fit moins le chancelier que lui: il est toujours le très humble valet du ministre".

RAPIN René, Mémoires, éd. Aubineau, I, p. 40 sq. Sentiments de P. Séguier en matière de religion: "il avait un fond de religion qui lui donnait du respect pour les décisions du Saint-Siège, et, étant une créature du cardinal de Richelieu, qui l'avait élevé à la dignité où il était, il entra sans balancer dans les sentiments de ce cardinal, qui avait fait arrêter l'abbé de Saint-Cyran…": p. 40-41. Démêlé avec Antoine Lemaître: p. 41.

BLET P., « Le chancelier Séguier, protecteur des jésuites, et l’assemblée du clergé de 1645 », Archivum historicum Societatis Jesu, XXVI, 1957, p. 177-198.

ARMOGATHE Jean-Robert, "Port-Royal et l'Oratoire: l'affaire Séguenot 1638)", Port-Royal et l'oratoire, Chroniques de Port-Royal, 50, 2001, p. 375 sq.

Sur les interventions de Séguier en Sorbonne, notamment le lundi 20 décembre 1655, voir BEAUBRUN, Mémoires, GRES-GAYER Jacques M., En Sorbonne. Autour des Provinciales, Paris, Klincksieck, 1997, p. 163 sq. Voir p. 165 et suivantes les différentes interventions de Séguier dans le débat pour limiter les ardeurs des orateurs. Devant les protestations violatur libertas, le chancelier déclare : « Le roi vous donne la liberté tout entière, mais il faut que cela se fasse dans la forme. Il n’est pas question de la bulle d’Urbain VIII, mais si M. Arnauld est téméraire d’avoir dit dans sa seconde Lettre qu’il n’a pas trouvé les cinq propositions » : p. 168. « Monsieur Arnauld peut même venir en cette compagnie avec toute liberté ; c’est cette liberté que je suis venu conserver » : p. 169. Séguier arrête M. Bourgeois, le 20 décembre 1655 : p. 183. Sortie de Séguier, accompagné des évêques en camail et en rochet : p. 186. Son retour le lendemain : p. 187. Mincé est empêché d’opiner par le chancelier : p. 187-188. Dispute sur la prise de parole d’un cordelier : p. 191. Le 24 décembre 1655, Séguier s’oppose à la lecture d’un billet de conciliation écrit par Arnauld et proposé par l’évêque de Saint-Brieuc : p. 228-229.

BEAUBRUN, Mémoires, GRES-GAYER Jacques M., En Sorbonne. Autour des Provinciales, Paris, Klincksieck, 1997, p. 260. M. Barbereau compare Séguier à Constantin au concile de Nicée. Mais c’est pour remarquer que Constantin ne disait rien.

Pascal a dédicacé une machine arithmétique et une lettre au chancelier Séguier : voir OC II, éd. J. Mesnard, p. 322 et p. 329 sq.

Qu’est-ce que le chancelier ?

CABOURDIN Guy et VIARD Georges, Lexique historique de la France d’ancien régime, p. 57. Des six grands officiers de la couronne, le chancelier est le seul dont le rôle a grandi au XVIe et au début du XVIIe siècles. Il représente, après le monarque, la royauté ; il ne prend pas le deuil du roi et ne va pas à ses obsèques. Il est « la voix du prince » (Le Bret) et ne dépend que de lui. Il le représente aux états généraux et aux lits de justice du parlement. En l’absence du souverain, il préside le conseil du roi. Il appose le sceau de France dont il a la garde. Il est le chef de la justice, police et administration. Il baille les lettres de provision à tous les officiers. Il préside le parlement lorsqu’il s’y rend pour la vérification des édits et l’élection des officiers. Il est maître de la librairie, chef des universités, des collèges, des académies, des imprimeurs et des libraires.

BLUCHE François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, article Chanceliers et gardes des sceaux, p. 297-298. Le chancelier est inamovible parce que sa charge est rattachée à la couronne et non à la personne du souverain. Il ne peut perdre sa place que par la mort, la démission volontaire ou la forfaiture. Sully : p. 297. Pierre Séguier : p. 697. Évolution sous le règne de Louis XIV : p. 297.

L’intervention du chancelier Séguier pour surveiller les débats de Sorbonne

Ce sont les docteurs hostiles à Arnauld qui se sont plaints auprès du roi des docteurs augustiniens : voir ce qu’en disent les Mémoires de Beaubrun, in GRES-GAYER Jacques M., En Sorbonne. Autour des Provinciales, Paris, Klincksieck, 1997, p. 112-113. L’évêque de Montauban, après avoir dit publiquement qu’il se plaindrait au roi des insolences de M. Bachelier, le fait effectivement : « il implora l’autorité de Sa Majesté pour empêcher ces désordres et il représenta avec beaucoup d’aigreur que cette liberté serait d’autant plus à craindre que, si elle continuait, on pouvait s’assurer qu’on ne viendrait pas à bout de faire une censure telle qu’on la projetait, si l’on n’obligeait les docteurs à ne parler qu’à leur rang. Le roi n’eut pas beaucoup de peine à lui accorder sa demande, parce que le Cardinal et les jésuites avaient inspiré à Sa Majesté qu’il s’agissait dans cette affaire de l’intérêt de la religion et de la paix de son royaume » : p. 113. Le vendredi 10 décembre 1655, le roi a adressé une lettre de cachet à la Sorbonne pour exiger que les débats se déroulent dans l’ordre : p. 116.

La menace de la force répressive revient souvent : voir les menaces de Péréfixe du 18 décembre 1655, BEAUBRUN, Mémoires, cité par GRES-GAYER Jacques M., En Sorbonne. Autour des Provinciales, Paris, Klincksieck, 1997, p. 158 sq. Péréfixe et Marca menacent de dénoncer nommément les docteurs rebelles au roi : p. 158 et 161.

Ces épisodes font courir le bruit d’une intervention du chancelier : BEAUBRUN, Mémoires, GRES-GAYER Jacques M., En Sorbonne. Autour des Provinciales, Paris, Klincksieck, 1997, p. 162.

DUCHÊNE Roger, L’imposture littéraire dans les Provinciales..., p. 48 sq. Le 24 janvier, Séguier vient présider la séance pour éviter les débordements ; il ne cessera de venir qu’après le départ des docteurs jansénistes : p. 48. Sur le discours du chancelier : p. 164 sq.

BLUCHE François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, article Chanceliers et gardes des sceaux, p. 297-298. Pierre Séguier : p. 697.

KERVILER R., Le chancelier P. Séguier, Paris, 1875.

BLET P., « Le chancelier Séguier, protecteur des jésuites, et l’assemblée du clergé de 1645 », Archivum historicum Societatis Jesu, XXVI, 1957, p. 177-198.

Selon le manuscrit Lamy, OC I, p. 731, on aurait appelé la machine arithmétique roue Séguière ; Pascal aurait voulu conserver ce nom, mais celui de roue pascaline se serait imposé malgré lui.

BLUCHE François (dir.), Dictionnaire du grand siècle, article Chanceliers et gardes des sceaux, p. 297-298. Pierre Séguier : p. 697.

Né le 28 mars 1588 à Paris, mort à Saint-germain-en-Laye le 28 janvier 1672. Il est le fils aîné de Jean Séguier, sieur d’Autrey.

M. le chancelier, c'est-à-dire Pierre Séguier: voir RETZ, Œuvres, éd. Hipp et Pernot, Pléiade, p. 1290. Séguier est d'une famille de robe. En 1620, il est maître des requêtes. En 1624, il est président à mortier. Il remplit des charges au parlement de Paris, avant de devenir intendant en Guyenne et garde des sceaux en 1633, à la place de Châteauneuf. Richelieu le nomme garde des sceaux en 1633. Louis XIII en fait le chancelier de France, et il est l'instrument fidèle de Richelieu. En décembre 1635, il est chancelier de France. Il apaise rudement les troubles de Normandie en 1640. Il tente en 1642 de sauver De Thou. La reine, devenue régente en 1643, lui conserve les sceaux. A l'époque de la Fronde des princes, Mazarin est obligé de le sacrifier; Séguier rend les sceaux à Châteauneuf en 1650, mais il les reprend en 1651; il les donne ensuite à Mathieu Molé, pour les retrouver en 1656. Louis XIV, devenu majeur, lui confie les sceaux en 1656.

Il exprime le désir d’appartenir à l’Académie, qui n’a que 36 membres. Elle l’admet en janvier 1635. Début 1643, après la mort de Richelieu, l’Académie lui demande d’être son protecteur. Séguier met à sa disposition son hôtel, rue du Bouloi. Sous Louis XIV, il préside la commission extraordinaire qui juge et condamne Fouquet. Pascal lui a dédié un exemplaire de sa machine arithmétique.

De 1664 à 1672, Séguier préside les commissions, mais c’est Colbert qui domine tous les conseils.

Selon Mascaron, son éloquence est facile, grave et claire.

Voir TALLEMANT DES RÉAUX, Historiettes, I, éd. A. Adam, I, Pléiade, p. 611 sq., toujours bonne langue: "Le chancelier est l'homme du monde le plus avide de louanges (...). On l'accuse d'être grand voleur. Pour être lâche et avare, il ne faut que lire ce que je m'en vais mettre"; "personne n'a tant donné à l'extérieur que lui (...). Il ne ferait pas un pas sans exempt et sans archers. Il est le premier qui s'est avisé de se faire traiter de Grandeur; avant lui pas un ne s'était fait traiter de Monseigneur dans les harangues, quand on lui parle comme député. Mais en récompense, jamais au fond chancelier ne fit moins le chancelier que lui: il est toujours le très humble valet du ministre".

Dictionnaire des lettres françaises, XVIIe siècle, art. Séguier.

L'innocence persécutée. Dialogues, Edition critique établie par Marie-Françoise Baverel-Croissant, Publications de l'Université de Saint-Etienne, 2002.

DORIVAL Bernard, Pascal et les Provinciales, mai-octobre 1956, Musée national des Granges de Port-Royal, Editions des Musées Nationaux, 1956, 124 p.

MESNARD Jean, "Le mécénat scientifique avant l'Académie des sciences", La culture au XVIIe siècle, p. 182-193.

ARMOGATHE Jean-Robert, "Port-Royal et l'Oratoire: l'affaire Séguenot 1638)", Port-Royal et l'oratoire, Chroniques de Port-Royal, 50, 2001, p. 375 sq.

RAPIN René, Mémoires, éd. Aubineau, I, p. 40 sq. Sentiments de P. Séguier en matière de religion: "il avait un fond de religion qui lui donnait du respect pour les décisions du saint-Siège, et, étant une créature du cardinal de Richelieu, qui l'avait élevé à la dignité où il était, il entra sans balancer dans les sentiments de ce cardinal, qui avait fait arrêter l'abbé de Saint-Cyran…": p. 40-41. Démêlé avec Antoine Lemaître: p. 41.

RETZ, Œuvres, éd. Hipp et Pernot, Pléiade, p. 1290. Séguier est d'une famille de robe. Il remplit des charges au parlement de Paris, avant de devenir intendant en Guyenne et garde des sceaux en 1633, à la place de Châteauneuf. Louis XIII en fait le chancelier de France, et il est l'instrument fidèle de Richelieu. A l'époque de la Fronde des princes, Mazarin est obligé de le sacrifier; Séguier rend les sceaux à Châteauneuf en 1650, mais il les reprend en 1651; il les donne ensuite à Mathieu Molé, pour les retrouver en 16556. Sous Louis XIV, il préside la commission extraordinaire qui juge et condamne Fouquet.

CORNEILLE, Héraclius, OC II, p. 353 sq. Lettre dédicatoire adressée à Séguier. Second personnage politique du royaume après Mazarin ; il tient modestement le rôle que Mazarin néglige. Il donnait aux écrivains des pensions sur le trésor de la Chancellerie : p. 1365.

KERVILER R., Le chancelier P. Séguier, Paris, 1875.

BLET P., « Le chancelier Séguier, protecteur des jésuites, et l’assemblée du clergé de 1645 », Archivum historicum Societatis Jesu, XXVI, 1957, p. 177-198.