ARNAULD Antoine (1612-1694)
Voir l’article qui lui est consacré dans le Dictionnaire de Port-Royal.
Antoine Arnauld était le benjamin des vingt enfants du célèbre avocat Arnauld, dont dix seulement survécurent Saint-Cyran lui conseilla de ne pas se faire religieux, comme il en avait le désir. Il soutint alors en Sorbonne, en 1639, 1640 et 1641, ses thèses de doctorat avec le plus grand éclat et reçut la prêtrise. Son coup d’essai, avec De la Fréquente Communion (1643), suivie de la Tradition de l’Église sur la pénitence, fut un coup de maître. Il dut faire face à de nombreuses polémiques, à propos de l’Augustinus, notamment la Seconde lettre à un duc et pair (10 juillet 1655). Cet ouvrage, déféré a la Sorbonne, provoqua sa condamnation et son exclusion (15 février 1656). Ce fut alors l’aventure des Provinciales, dont il fut l’un des animateurs. Recherché par la police, il s’ensevelit pendant douze ans dans une profonde retraite, grâce à la complicité de protecteurs puissants comme la duchesse de Longueville ou le duc de Luynes. Sorti de cette retraite au moment de la Paix de l’Église (octobre 1668), au cours de dix années il compléta (avec Nicole) son ouvrage sur la Perpétuité de la foi, écrivit la Concorde des Évangiles. Il polémiqua avec le ministre Claude et les calvinistes. Mais les maladresses des uns et les animosités des autres compromirent cette paix et, à la mort de la duchesse de Longueville (avril 1679), pour conserver sa liberté, il s’exila à Mons, puis à Bruxelles où il retrouva Nicole ; mais Nicole devait bientôt revenir en France. Au cours de son exil il ne cessa de poursuivre ses polémiques avec les jésuites et les calvinistes. Errant de ville en ville, il fut rejoint en 1685 par le P. Du Guet et le P. Quesnel, qui demeura avec lui jusqu’à la fin. Il meurt le 8 août 1694, après avoir reçu les derniers sacrements, assisté du curé de Sainte-Catherine de Bruxelles. Son cœur fut transporté à Port-Royal-des- Champs. Ses œuvres éditées à Paris-Lausanne de 1775 à 1783 représentent 43 tomes en 38 volumes, sous le titre Œuvres de Messire Antoine Arnauld, docteur de la maison et société de Sorbonne, publiées par Gabriel du Pac de Bellegarde et Jean Hautefage, Paris-Lausanne, S. d’Arnay, 1775-1783.
Son ouvrage le plus célèbre est La logique ou l’art de penser, composé avec Pierre Nicole, et qui a connu trois éditions de son vivant. C’est le manuel de logique le plus clair qui soit, et beaucoup plus qu’un manuel de logique ? Une large part est réservée aux pensées et aux écrits de Pascal. Voir l’édition de Descotes Dominique, La logique ou l’art de penser, Paris, Champion, 2014.
Antoine Arnauld (1612-1694) philosophe, écrivain, théologien, Chroniques de Port-Royal, n° 44, 1995, Bibl. Mazarine, Paris.
JACQUES Emile, Les années d’exil d’Antoine Arnauld, Publications universitaires, Louvain, 1976. Ouvrage d’un intérêt remarquable. Ce récit de la persécution du vieux théologien par les polices de Louis XIV dans tous les coins de l’Europe prend à la gorge.
LAPORTE Jean, La Doctrine de Port-Royal : les Vérités de la Grâce, P.U.F., Paris, 1923, 456 p. Indispensable pour une compréhension profonde de la théologie de la grâce de Port-Royal.
LAPORTE Jean, La Doctrine de Port-Royal : la Morale, 2 vol., Vrin, Paris, 1951-1952. Suite du précédent. Il traite les problèmes de théologie morale abordés dans les Provinciales.
MOREAU Denis, Deux cartésiens. La polémique Arnauld-Malebranche, Vrin, Paris, 1999. L’ouvrage contient une étude sur la rhétorique d’Arnauld.
PARIENTE Jean-Claude (éd.), Antoine Arnauld. Philosophie du langage et de la connaissance, Vrin, Paris, 1995. Riche recueil d’études.
GRES-GAYER Jacques M., « La Sorbonne et les Provinciales », La campagne des Provinciales, Chroniques de Port-Royal, 58, Paris, 2008, p. 15-33. Arnauld docteur de Sorbonne, membre de la maison et société de Sorbonne, la plus prestigieuse des composantes de l’Université : p. 16. Arnauld n’avait pas « l’esprit maison » : p. 16. Arnauld parmi ses pairs : p. 19 sq.
LE GUERN Michel, Pascal et Arnauld, Paris, Champion, 2003.