INNOCENT X -

innocent_x.pngLEVILLAIN Philippe, Dictionnaire historique de la papauté, p. 892 sq. Né à Rome le 6 mai 1574, Giovanni Battista Pamfili est élu pape le 15 septembre 1644, couronné le 4 octobre, mort le 5 janvier 1655. Issu de deux puissantes familles de la noblesse romaine, fils de Camilio Pamfili et de Maia Flaminia del Bufalo. Ordonné prêtre, il fait une carrière rapide dans la Curie. Promu avocat consistorial en 1601, il succède à son oncle Girolamo comme auditeur du tribunal de la Rote (1604). Le pape Grégoire XV le nomme nonce auprès de la cour de Naples (1621). Urbain VIII le nomme nonce auprès de la cour d’Espagne (1626) ; il est cardinal in petto l’année suivante. Après le décès d’Urbain VIII, le conclave est divisé entre le parti austro-espagnol et le parti français (appuyé à Paris par Mazarin), le parti des vieux cardinaux (philo-espagnol) et le parti des jeunes cardinaux. Pamfili est un candidat de compromis. Un double conflit avec le parti Barberini et avec la France domine le pontificat. A Paris, Mazarin n’a pas accepté le choix du conclave, fait sans attendre que l’ambassadeur de France ait consulté sa cour. Il rappelle son ambassadeur. La guerre franco-espagnole menace les possessions du prince Ludovisi, neveu d’Innocent X. Ce dernier cèder : l’ambassadeur de Fontenay entre à Rome (24 mai 1647), le frère de Mazarin est promu cardinal (7 octobre 1647), le cardinal Barberini retourne à Rome, où il retrouve ses biens et ses dignités (27 février 1648), puis c’est le tour de son frère Antonio (12 juillet 1653). Mais Innocent X accueille aussi avec honneur le cardinal de Retz, archevêque de Paris et ennemi de Mazarin durant la Fronde (1er décembre 1654). L’action religieuse d’Innocent X doit être envisagée dans ce cadre : le pape soutient et protège l’activité de la congrégation de la propagande. Il condamne pourtant, contre l’avis des Jésuites, les rites chinois (12 septembre 1645). La prise de position du Saint-Siège sur le jansénisme constitue l’acte de plus longue portée théologique et religieuse du pontificat. Devant les progrès des thèses de Jansénius en Flandre et en France, et le succès remporté par La fréquente communion d’Arnauld, le Saint-Siège entre progressivement dans la voie d’une prise de position doctrinale. Le Saint-Office, puis une congrégation particulière de cardinaux examinent les textes incriminés. La bulle Cum occasions impressionis libri (31 mai 1653) est publiée à Rome le 9 juin, reçoit l’autorité de la sanction royale de Philippe IV et de Louis XIV, non sans rencontrer des résistances.

 

RANKE Léopold, Histoire de la papauté pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, p. 608 sq. Sa position à l’égard des jansénistes et de leurs adversaires : p. 659 sq.

Innocent X signant la bulle Cum occasione

 

Les raisons de la condamnation de l’Augustinus : voir NEVEU, “Augustinisme janséniste et magistère romain”, XVIIe siècle, 135, p. 201 sq. Différentes hypothèses : ou bien Rome a condamné globalement l’Augustinus pour raison de police sans s’arrêter à la question de son authenticité augustinienne ; ou bien Rome ne s’est pas prononcé sur l’authenticité parce qu’elle a ressenti la nécessité dans l’orbis catholique d’un désengagement augustinien de la part du magistère et d’une relativisation dogmatique. Première hypothèse : Rome refuse de considérer la question, car les consulteurs ne sont pas habitués à ce type de problème ; se considère comme qualifié sur le sens dogmatique seul. Les jansénistes auraient fait l’erreur de présenter Rome comme un tribunal scientifique : p. 203. L’Eglise se trouve prise au dépourvu par une méthode que canonistes et théologiens maîtrisent mal ; à l’attitude rationaliste des jansénistes, Rome répond par décisions successives, sans s’expliquer sur la nature du fait dogmatique : p. 207. Deuxième hypothèse : elle suppose que l’Eglise prend saint Augustin pour référence privilégiée, non pour norme doctrinale : p. 204.

ARNAULD Antoine, Œuvres, XIX, La publication a lieu dès le 19 juin 1653 : p. XIII.

GRES-GAYER Jacques M., Le jansénisme en Sorbonne, 1643-1656, p. 108. La bulle, présentant des propositions censurées in abstracto, délimite une hérésie, fournissant une référence destinée à faciliter aux théologiens l’expression de la doctrine véritable. La censure est plus serrée que celle qui avait été présentée en juillet 1649 à la Sorbonne : p. 108. Voir la comparaison des qualifications, p. 109. Comment les antijansénistes présentent l’histoire de la constitution : p. 160.

SELLIER Philippe, Port-Royal et la littérature, II, p. 18 sq. Signification de la bulle, qui condamne effectivement toute une part de la théologie augustinienne. Hypocrisie de la cour romaine qui condamne Augustin sans avoir le courage de le dire, sous le nom de Jansénius. Conséquences désastreuses de cette habileté pusillanime : le reflux progressif de l’augustinisme, les controverses interminables qui ont duré plus de deux siècles, et le sacrifice de l’école de Port-Royal : p. 19.

GEF IV, p. 85-88. Texte. Voir ARNAULD Antoine, Œuvres, XIX, p. XI sq. ; p. XII, une remarque sur les dispositions du pape, qui prêtaient à l’action des jésuites. La publication a lieu dès le 19 juin 1653 : p. XIII. Les cinq propositions erronées imputées à Jansénius sont expressément attribuées à l’auteur de l’Augustinus. Les quatre premières sont déclarées hérétiques et la cinquième fausse. La bulle arrive à Paris le 30 juin 1653 ; elle est remise au roi le 3 juillet : p. XIX sq. Les défauts qui s’opposent à la réception ; la décision du roi en faveur de l’acceptation, sous la pression de Mazarin (4 juillet 1653). Les réticences des évêques et la publication : p. XX-XXI.