La bulle Cum Occasione
La bulle Cum Occasione impressionis libri (31 mai 1653)
Le texte de la bulle est reproduit dans GEF IV, p. 85-88.
Voir la notice du Dictionnaire de Port-Royal sur Jansénius. En juillet 1652 une congrégation spéciale est chargée par Innocent X d'examiner ces propositions. Le 31 mai 1653 la bulle Cum occasione contre les 5 propositions, “conçues en termes ambigus, proposées abstraitement, sans aucun rapport avec Jansénius” (Ceyssens, La première bulle ..., p. XXXV) est signée, et publiée à Rome le 9 juin, malgré les protestations des représentants des jansénistes qui se sont adressés au pape pour lui faire voir que les 5 propositions peuvent avoir des sens différents selon leur contexte et que le sens chez Jansénius est celui de saint Augustin. Mais le texte définitif qui a été dressée par l'assesseur du Saint-Office, Albizzi, avec le cardinal Chigi, le futur pape Alexandre VII, précise que le sens condamné est celui de Jansénius. Pourtant, Innocent X, pendant l'audience d'adieu des représentants jansénistes, déclare à leur grande joie que le sens de saint Augustin, et, à leurs yeux donc l'Augustinus, n'a pas été condamné. Aussi, à Paris, la bulle est-elle reçue par les jansénistes avec respect et soumission, mais les disputes ne sont pas terminées pour autant. Sous la présidence de Mazarin qui redoute les liens entre les jansénistes et le cardinal de Retz, devenu archevêque de Paris, et qui a lui-même ses propres raisons politiques, une assemblée composée de cinq archevêques et les évêques qui se trouvent à la cour adopte le 9 avril 1654, une lettre au pape, le remerciant de sa bulle et une lettre circulaire déclarant “qu'il a été reconnue par l'assemblée, tant par la lecture de la Constitution, que des textes de Jansénius, que les propositions [condamnées par Rome] étaient de Jansénius.” Dans la lettre au pape on répète encore que les propositions condamnées se trouvent dans l'Augustinus et que la condamnation du sens de Jansénius permet de protéger la vérité contre les fausses interprétations que donne Jansénius de la doctrine de saint Augustin. En outre l'auteur [Pierre de Marca] y dénonce particulièrement “ceux de Port-Royal” (P. Jansen, 1967, p. 80). La réponse du pape est donnée le 29 septembre : dans un bref l'attribution des cinq propositions à Jansénius est reconnue.
Innocent X signant la bulle Cum occasione
Les raisons de la condamnation de l'Augustinus : voir NEVEU, “Augustinisme janséniste et magistère romain”, XVIIe siècle, 135, p. 201 sq. Différentes hypothèses : ou bien Rome a condamné globalement l'Augustinus pour raison de police sans s'arrêter à la question de son authenticité augustinienne ; ou bien Rome ne s'est pas prononcé sur l'authenticité parce qu'elle a ressenti la nécessité dans l'orbis catholique d'un désengagement augustinien de la part du magistère et d'une relativisation dogmatique. Première hypothèse : Rome refuse de considérer la question, car les consulteurs ne sont pas habitués à ce type de problème ; se considère comme qualifié sur le sens dogmatique seul. Les jansénistes auraient fait l'erreur de présenter Rome comme un tribunal scientifique : p. 203. L'Eglise se trouve prise au dépourvu par une méthode que canonistes et théologiens maîtrisent mal ; à l'attitude rationaliste des jansénistes, Rome répond par décisions successives, sans s'expliquer sur la nature du fait dogmatique : p. 207. Deuxième hypothèse : elle suppose que l'Eglise prend saint Augustin pour référence privilégiée, non pour norme doctrinale : p. 204.
GRES-GAYER Jacques M., Le jansénisme en Sorbonne, 1643-1656, p. 108. La bulle, présentant des propositions censurées in abstracto, délimite une hérésie, fournissant une référence destinée à faciliter aux théologiens l'expression de la doctrine véritable. La censure est plus serrée que celle qui avait été préseentée en juillet 1649 à la Sorbonne : p. 108. Voir la comparaison des qualifications, p. 109. Comment les antijansénistes présentent l'histoire de la constitution : p. 160.
SELLIER Philippe, Port-Royal et la littérature, II, p. 18 sq. Signification de la bulle, qui condamne effectivement toute une part de la théologie augustinienne. Hypocrisie de la cour romaine qui condamne Augustin sans avoir le courage de le dire, sous le nom de Jansénius. Conséquences désastreuses de cette habileté pusillanime : le reflux progressif de l'augustinisme, les controverses interminables qui ont duré plus de deux siècles, et le sacrifice de l'école de Port-Royal : p. 19.
ARNAULD Antoine, Œuvres, XIX, La publication a lieu dès le 19 juin 1653 : p. XIII.
GEF IV, p. 85-88. Texte. Voir ARNAULD Antoine, Œuvres, XIX, p. XI sq. ; p. XII, une remarque sur les dispositions du pape, qui prêtaient à l'action des jésuites. La publication a lieu dès le 19 juin 1653 : p. XIII. Les cinq propositions erronées imputées à Jansénius sont expressément attribuées à l'auteur de l'Augustinus. Les quatre premières sont déclarées hérétiques et la cinquième fausse. La bulle arrive à Paris le 30 juin 1653 ; elle est remise au roi le 3 juillet : p. XIX sq. Les défauts qui s'opposent à la réception ; la décision du roi en faveur de l'acceptation, sous la pression de Mazarin (4 juillet 1653). Les réticences des évêques et la publication : p. XX-XXI.
GRES-GAYER Jacques M., Le jansénisme en Sorbonne, 1643-1656, p. 133. Interprétations de la bulle Cum occasione. Mazarin presse la réception de la bulle pour des raisons politiques plutôt que théologiques : p. 134.
SAINT-GILLES, Journal, éd. Jovy, p. 3 sq.
ARNAULD Antoine, Œuvres, XXI, p. CXVIII. Mémoires d'Arnauld sur cette bulle.
ARNAULD Antoine, Œuvres, XXX, p. XI.<
Dictionnaire de théologie catholique, “Jansénisme”, col. 476 sq.
COGNET Louis, Le jansénisme, p. 61 sq.
ADAM Antoine, Du mysticisme à la révolte, p. 193 sq.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, III, VI, t. 2, p. 48 sq.
GOUHIER Henri, Commentaires, p. 307-308.